4 LES COULEURS D’ANILINE En 1880 Bayer réussit, après plusieurs années de travail, à produire l’indigo artificiellement. Au point de vue théorique, c’est certainement une des plus remarquables découvertes de l’époque actuelle, bien que le prix élevé de l’indigo artificiel ne permette pas encore une application pratique satisfaisante. Le bleu d’alizarine, la cœruléïne (1), la gallocyanine, l’aura- mine, la llavaniline, la chrysamine, la benzoazurine, le congo et autres sont des inventions toutes récentes. La fabrication des couleurs d’aniline s’est établie principa lement en Allemagne. Béjà en 1878, suivant Haeusennann, ce pays exportait des produits pour une valeur de plus de 40 millions de francs, et en 1882 le catalogue de l’exposition de Nuremberg estime la production annuelle des couleurs d’aniline en Allemagne à environ 75 millions de fr., dont les 4/5 pour l’exportation. D’après M. Dehaynin, la valeur totale des couleurs d’aniline produites en un an s’élèverait à plus de 90 millions de francs. Des renseignements personnels nous permettent de dire que pour la seule année 1888, il s’est fabriqué, en alizarine seule une quantité de 22,000,000 de kilos à 10 0 /°, représentant plus de 20 millions de francs. D’après le docteur Lunge, (Rapport sur les produits chimi ques à l’Exposition nationale suisse en 1883) on évalue la pro duction des couleurs d’aniline à environ 120 millions de francs se répartissant ainsi : Allemagne 78 millions, France et Angleterre 26 millions, Suisse 16 millions. (1) Cèruléine. — Moniteur scientifique 1878 page 1122.