suivit par la représentation en première de «Capriccio» (1944). Un projet de grand style pour monter en un cycle le développement de l’opéra allemand en y incorporant aussi des œuvres oubliées, incomprises et jusque-là maltraitées, ne put être entièrement exécuté en raison des vicissitudes de cette période. La vie artistique était de plus en plus absorbée par la machinerie de la guerre fasciste. Pourtant on assista à une brillante réhabilitation de l’œuvre de Gœtz «Die Widerspenstige» (la mégère apprivoisée) et à la première du charmant opéra comique «Die Hochzeit des Jobs» (le mariage de Job) de Joseph Haas. Le 2 juillet 1944 eut lieu la dernière première dans l’édifice de Semper. Peu de jours plus tard, le théâtre ferma ses portes en raison de la «guerre totale» proclamée par Goebbels. Durant la nuit du 13 au 14 février 1945, l’opéra de Dresde, dans lequel on avait monté en première tant d’œuvres importantes de l’histoire mondiale de l’opéra, tomba en ruines dans le fracas mortel des bombes américaines. Les artistes étaient disper sés aux quatre points cardinaux. Jamais plus, nous semblait-il, à nous qui étions restés, la ville artistique de Dresde ne pourrait se relever des coups que lui avait infligés cette nuit terrible. Gerhart Hauptmann, chargé d’années et qui vécut cette nuit infernale, a traduit ses pensées par les mots suivants : «Et ceux qui ont désappris à pleurer, l’apprennent à nouveau devant le désastre qui a touché Dresde. Cette joyeuse étoile de la jeunesse a jusqu’à l’heure actuelle répandu sa lumière sur le monde et j’ai vécu personnellement le désastre de Dresde dans l’enfer de Sodome et Gomorrhe créé par les avions anglais et américains. Et lorsque je dis «vécu», c’est encore pour moi jusqu’à l’heure actuelle comme un miracle. Je n’ai pas une si haute idée de moi-même que de croire que Saturne m’a réservé cette horreur juste à l’endroit qui est l’un de ceux que je préfère au monde. Je suis sur le point de quitter la vie et envie tous mes camarades, les hommes de grand esprit qui n’ont pas été témoins de cet événement ... Je pleure ...» Et ces mots de Haupt mann peuvent aussi s’appliquer à la Staatskapelle de Dresde et à son activité: «De Dresde, grâce aux soins continus et touchants que cette ville accordait à l’art aussi bien dans le domaine de la parole que dans celui de la musique, sont partis de merveilleux courants qui ont parcouru le monde et l’Angleterre et l’Amérique s’y sont aussi largement abreuvés. L’ont-ils oublié?» Nouvelle floraison Ce qu’aucun de nous n’avait voulu croire, est devenu réalité: Dresde après I94J est de nouveau une ville artistique. La Staatskapelle elle s’appelle maintenant qu’il n’existe plus d’Etat de Saxe, «Staatskapelle de Dresde» - connaît une nouvelle époque d’épanouissement. Nous allons en parler dans ce dernier chapitre.