[ AUTEL ] — 16 — emportait dans les voyages. Aussi l’Ordre romain les appelle-t-il tabulas itinerarias.Les inventaires des trésors d’églises font mention fréquemment d’autels portatifs. Sur les tables d’autels fixes, il était d’usage, dès avant le ix° siècle, d’incruster des propitiatoires, qui étaient des plaques d’or ou d’argent sur lesquelles on offrait le saint sacrifice. Anastase le Bibliothécaire dit. dans sa Vie du pape Pascal P T , que ce souverain pontife lit poser un pro pitiatoire d’argent sur l’autel de Saint-Pierre de Borne, un sur l’autel de l’église de Sainte-Praxède, sur les autels de Sainte-Marie de Gosmedin, de la basilique de Sainte-Marie Majeure. Le pape Léon IV fit également faire un propitiatoire pesant 72 livres d’argent et 80 livres d’or pour l’autel de la basilique de Saint-Pierre. Les autels primitifs, qu’ils fussent de pierre, de bois ou de métal, étaient creux. L’autel d’or dressé par l’archevêque Angelbert dans l’église de Saint-Ambroise de Milan était creux, et l’on pouvait apercevoir les reliques qu’il contenait par une ouverture percée par derrière ’. L’évêque Adelhelme, qui vivait à la fin du lx c siècle, raconte qu’un soldat du roi Bozon, qui était devenu aveugle, recouvra la vue en se glissant sous l’autel de l’église de Mouchi-le-Neuf, du diocèse de Paris, pendant que l’on célébrait la messe. Les monuments viennent à cet égard appuyer les textes nombreux que nous croyons inutile de citer 1 2 ; les autels les plus anciens connus sont généralement portés sur une ou plusieurs colonnes 3 (1 et 2). La plupart des autels grecs étaient portés sur une seule colonne. L’usage des autels creux ou portés sur des points d’appui isolés s’est conservé jusqu’au xv° siècle. L’autel n’était considéré jusqu’alors que comme une table sous laquelle on plaçait parfois de saintes reliques, ou qui était élevée au-dessus d’une crypte renfermant un corps-saint ; car, à vrai dire, les reliquaires étaient plutôt, pendant le moyen âge, posés, à certaines occa sions, sur l’autel que dessous 4 . Il n’existe plus, que nous sachions, en 1 Ughellus, t. IV. 2 Voy. Dissert, ecclés. sur les princip. autels des églises, par J. B. Thiers. Paris, 1688. Nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer nos lecteurs à ce curieux ouvrage, plein de recherches savantes. 3 La figure J donne l’autel de la chapelle de la Vierge de l’église de Montréal (Bour gogne); cet autel est du xn c siècle. La figure 2, le maître autel de l’église de Bois- Sainte-Marie (Saône-et-Loire) ; cet autel est du xi' siècle. A est le socle avec l’incruste- inent des colonnettes ; B, le chapiteau de la colonnette centrale ; G, la base d’une des quatre colonnes. Nous devons ce dessin à l’obligeance de M. Millet, l’architecte de la curieuse église de Bois-Sainte-Marie. 4 « Rien ne nous porte à croire, dit Thiers dans ses Dissert, sur les princip. autels des églises (p. _'|2), qu’on ait mis des reliques des saints sur les autels avant le XI e siècle; nul canon, nul décret, nul règlement, nul exemple, nul témoignage des écrivains ecclésiastiques ne nous le persuade; ou si l’on y en a mis, les saints de qui elles éloient s’en sont offensés et les ont fait ôter Dans le x c siècle même, quelques saints ont cru qu’il y avoit de l’irrévérence à mettre leurs reliques sur les autels. En