Karl Bôhm maintient le niveau traditionnel La représentation brillante qui eut lieu le 1 er juillet 1933, ouvrit la voie triomphale de cette œuvre qui est souvent placée sur le même rang que le «Chevalier à la rose». Durant un court interrègne, Hermann Kutzschbach fit ses preuves comme il les avait faites souvent auparavant en tant que remplaçant de Busch, jusqu’à ce que l’on ait pu engager pour cette institution Karl Bôhm, un chef d’orchestre qui grâce à son travail avec l’orchestre de Dresde devint un maître de son art. Sa façon de diriger une représentation de «Tristan» valut au directeur général de musique de Hambourg le respect de l’orchestre qui se transforma durant les 8 années de son activité en rapports cordiaux basés sur le respect réciproque, rapports qui existent encore aujourd’hui. Bien que le centre de gravité de l’acti vité de Bôhm ait été réservé tout d’abord au théâtre, les concerts ne furent pourtant pas négligés, et même dans les salles de concerts on assista à des apogées de la vie musicale de Dresde. (Remarquons à cette occasion que l’orchestre de Dresde ne donnait plus de concerts qu’à l’opéra). De nouveau, un chef d’orchestre exigeait de l’orchestre une activité extrêmement variée. A côté d’un Wagner fortement accentué dans le sens dramatique, Bôhm plaça un Mozart finement ciselé. Bien entendu, il poursuivit la tradition de présenter de nombreuses œuvres de Strauss. C’est à cette époque-là que furent présentés pour la première fois les opéras «La femme silencieuse» (1935) et «Daphné» (1938). La reconnaissance du maître qui, au cours de ces années, séjournait volon tiers à Dresde et qui saisissait toute occasion de vanter le niveau élevé de l’orchestre confiée aux soins de Bôhm, s’exprima par le fait qu’il voua son œuvre «Daphné» à Karl Bôhm. «La femme silencieuse» fut interdite immédiatement après sa première du fait que l’auteur du libretto, Stefan Zweig, était juif; ceux qui en avaient fait les louanges, s’étaient rendus suspects tout comme, et tout particulièrement, le chef d’orchestre. C’est le germe du différend qui se dressa entre Bôhm et les fascistes qui détenaient le pouvoir en Saxe, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il accepta en 1942 de partir pour Vienne à l’Opéra d’Etat où on l’appelait. Dans sa défense exemplaire des contemporains, Bôhm trouva, tout comme Busch avant lui, de nombreux disciples au sein de l’orchestre. C’est lui qui découvrit Rudolf Wagner-Régeny dont on présenta pour la première fois le «Favori» en 1935 à Dresde; cette œuvre s’engagea de là sur la voie triomphale de toutes les scènes d’Allemagne et a conservé jusqu’à aujourd’hui sa renommée en tant qu’opéra de grande classe. Le Suisse Heinrich Sutermeister put, lui aussi, en 1939, avec son «Roméo et Juliette» et en 1942 avec son «Ile enchantée» prouver sa vocation à l’opéra de Dresde. Ces jeunes compositeurs ont toujours déclaré pleins