— 23 — . [ autel ] sur ceux des chapelles, rarement sur les autels principaux des cathé drales. Dans les églises monastiques, il y avait presque toujours l’autel matutinal, qui était celui où se disait l’office ordinaire, placé à l’entrée du sanctuaire au bout du chœur des religieux, et l’autel des reliques, posé au fond du sanctuaire, et derrière ou sous lequel étaient conservées les châsses des saints. C’était ainsi qu’étaient établis les autels principaux de l’église de Saint-Denis en France, dès le temps de Suger. Au fond du rond-point, l’illustre abbé avait fait élever le reliquaire contenant les châsses des saints martyrs, en avant duquel était placé un autel. Voici la description que donne D. Doublet de ce monument remarquable... «En « ceste partie est le très-sainct autel des glorieux saincts martyrs (ou « bien l’autel des corps saincts, à raison que leurs corps reposent soubs « iccluy), lequel est de porphyre gris beau en perfection : et la partie « d’au-dessus, ou surface du même autel, couverte d’or tin, aussi « enrichi de plusieurs belles agathes, et pierres précieuses. Là se voit « une excellente table couverte d’or (un retable),ornée et embellie de « pierreries, qu’a fait faire jadis le roi Pépin, laquelle est quarrée ; et sur « les quatre costez sont des lettres en émail sur or, les unes après les « autres, en ces termes : Bertrada Deum venerans Christoque sacrata. El « puis : Pro Pippino rege fœlicissimo quondam... Au derrière de cet autel « est le sacré cercueil des corps des saincts martyrs, qui contient depuis « l’aire et pavé cinq pieds et demy de hault, et huict pieds de long sur « sept pieds de large, fait d’une assise de marbre noir tout autour du bas « d’un pied de hault, et sur la dicte assise huit pilliers quarrez aussi de « marbre noir de deux pieds et demy de hault, et sur iceux huit pilliers « une autre assise de marbre noir, à plusieurs moulures anciennes, et « entre les dicls huit pilliers, huit panneaux de treillis de fonte, enchâssez « en bois, de plusieurs belles façons, de deux pieds et demy de long, le « pillierdu milieu de derrière, et pareillement le pillier de l’un des coings « du dit derrière, couverts chacun d’une bande de cuivre doré, aussi « iceux treillis elbois couverts de cuivre doré à feuillages, avec plusieurs « émaux ronds sur cuivre doré et plusieurs clous dorés, sur iceux ; et sur le « marbre de la couverture, dedans ledit cercueil, une voulte de pierre re- « vestuë au dedans de cuivre doré, qui prend jusque soubs l’autel, qui est le « lieu où reposent les sacrez corps des apôtres de France saint Denys « l’Aréopagitc, saint Rustic, et saint Éleuthère, en des châsses d’argent « de très-ancienne façon, pendantes à des chaînettes aussi et boucles « d’argent, pour lesquelles ouvrir il y a trois clefs d’argent... Au-dessus « dudit cercueil il y a un grand tabernacle de charpenterie de ladite lon- « gueur et largeur en façon d’église, à haute nef et basses voûtes, garny « de huict posteaux, à savoir à chacun des deux pignons quatre, les deux « des coings ronds de deux pieds et demy de hault, et les deux autres « dedans œuvre de six pieds cl demy de hault, aussi garny de bases et cha- « piteaux : et entre iceux trois beez et regards de fenestres à demy ronds « porlans leur plein centre, et celle du milieu plus haulte que les autres :